CAF, TOUT VA BIEN !
ET CA IRA ENCORE MIEUX DEMAIN ?
Ce titre provocateur pourrait à lui seul résumer le propos de M. DROUET, Directeur de la CNAF, qu’il a tenu à l’UCANSS le 30 mars 2010 au cours d’une INC (Instance Nationale de Concertation) pour la branche famille avec la présentation des résultats 2009 en matière de « charge de travail et engagements de services ».
Chacune des fédérations avec ses mots, a décrit ce que vit le personnel :
les conditions de travail qui pourrissent un peu plus chaque jour, la pénurie de personnel face à la charge de travail qui s’accroît, les départs non remplacés,
la pression au rendement et à la productivité (on exige des résultats alors que les moyens diminuent),
l’angoisse des salariés face à la perspective des restructurations, mutualisations, etc,
l’emploi précaire, les CDD qu’il faut à chaque fois former, puisqu’ils sont « jetés comme des kleenex » avant d’être remplacés par d’autres, promis au même sort révoltant,
les heures supplémentaires obligatoires, qui finissent d’épuiser le personnel et dégradent la vie privée,
la tension à l’accueil et dans les plateformes téléphoniques,
les travailleurs sociaux détournés de leurs missions au prétexte du RSA ou pour des tâches administratives,
et comme dans toute l’Institution Sécurité Sociale : les salaires bloqués, la non-reconnaissance de notre travail sur la feuille de paie…
TOUTES LES FEDERATIONS L’ONT DIT : NOUS SOMMES VENUS CHERCHER DES
REPONSES CONCRÊTES, C’EST CE QU’ATTEND LE PERSONNEL !…
…ET QUE NOUS A REPONDU MONSIEUR LE DIRECTEUR DE LA CNAF ?
M . DROUET a vivement tenu à nous infliger la présentation d’un « diaporama » portant sur les résultats 2009 de la « branche famille ». Certes, la CNAF ne nie pas l’existence de difficultés… Mais, selon les représentants CNAF et UCANSS présents à cette réunion, il ne s’agirait que d’ « un passage un peu difficile jusqu’à l’été » !
Les « solutions » de la CNAF et de l’UCANSS ? 400 CDD sur toute la France pour renforcer la réponse téléphonique (plateformes régionales provisoires), développer les « téléprocédures », constituer des groupes de travail sur « le bien-être au travail » et « les incivilités à l’accueil » (comme si la souffrance au travail et la tension aux guichets n’étaient pas le résultat direct du manque d’effectifs…), etc.
La CNAF semble également beaucoup compter sur le retour de formation (au 1er juillet) des techniciens embauchés en 2009… A-t-on oublié que ceux d’entre-eux relevant de l’« ARC » participent déjà à la production ? Ignore-t-on que, d’ici la fin des formations actuelles, de nouveaux départs seront intervenus ?
ENCORE DES CONTRATS PRECAIRES, DES HEURES SUPPLEMENTAIRES (Y COMPRIS OBLIGATOIRES), DES « OPERATIONS PRODUCTION »… ET PENDANT CE TEMPS–LA, LES SUPPRESSIONS DE POSTES CONTINUENT ! DE QUI SE MOQUE-T-ON ?
En réponse aux fédérations syndicales, M. DROUET s’est senti obligé de déclarer : « Ne croyez pas que la CNAF soit autiste ». Surtout, il a précisé : « L’Instance Nationale de Concertation n’a pas pour objet de renégocier la COG. A l’intérieur de la COG, il n’y a pas d’autres réponses, pas d’autres moyens ».
POUR FORCE OUVRIERE, LES CHOSES SONT CLAIRES : ON NE NOUS LAISSE PAS
D’AUTRE CHOIX QUE D’ALLER TOUS ENSEMBLE CHERCHER LES REPONSES A
NOS REVENDICATIONS AU MINISTERE, LA OU LES CHOSES SE DECIDENT !
Arrêt des suppressions d’emplois, augmentation des effectifs à hauteur de la charge de travail par embauches en CDI et titularisation de tous les CDD !
Augmentation conséquente des salaires et reconnaissance de nos qualifications !
Arrêt des heures supplémentaires obligatoires ! Rétablissement de nos conditions de travail !
Arrêt des restructurations, mutualisations, externalisations et désengagements !
Déclaration préalable de la Fédération FO à l’INC du 30 mars 2010.
Pour la Fédération FO, l’INC qui se tient aujourd’hui ne pourra se résumer à un simple constat d’une situation dont chacun se plait aujourd’hui à reconnaître qu’elle est, pour le moins, difficile et que nous considérons, pour notre part, comme catastrophique.
Des réponses claires doivent être apportées aux personnels des Caf tant pour les moyens matériels et humains nécessaires pour rétablir une situation de travail normale qu’au regard de décisions structurelles prises par certaines Directions de Caisses confrontées à l’impossibilité d’assurer une qualité de service minimum aux allocataires.
Les statistiques et éléments du rapport présentés par la CNAF décrivent techniquement la saturation dramatique du réseau ; résultats d’une augmentation du volume de l’activité et d’un sous effectif permanent.
Partout, dans toutes les caisses, la pénurie des effectifs se fait durement sentir. Pour y remédier, les gestionnaires ont recours aux heures supplémentaires qui explosent, aux rachats de jours RTT, aux embauches massives de CDD et emplois précaires, d’autres y ajoutent la sous-traitance ou l’externalisation de tâches et/ou de services, sans pour autant rétablir la situation.
Situation qui résulte directement de la COG et de la politique imposée par la tutelle qui organise systématiquement la diminution des moyens dont disposent les organismes pour assurer, aujourd’hui, ce qui est devenu un service minimum aux allocataires.
En effet, nous assistons à une dégradation profonde de la qualité de service avec des retards de gestion importants, des délais d’attente à l’accueil d’une heure qui n’ont plus rien d’exceptionnels et pour beaucoup d’allocataires des attentes qui vont bien au delà et de loin.
Les allocataires doivent aussi faire face aux fermetures partielles ou totales de l’accueil physique et parfois téléphonique. Bien que pratiqué pour tenter de résorber les soldes, cette situation est à l’origine de tensions perceptives entre les allocataires et le personnel.
Parallèlement, les conditions de travail des personnels deviennent insupportables, subissant une charge ingérable qui génère stress, pénibilité et difficultés en tout genre.
A ce titre, le recours aux heures supplémentaires obligatoires le samedi ou le lundi (dans les Caisses fermées le samedi) est inacceptable et en contradiction avec la Convention Collective Nationale et le décret de 37 qui stipulent le bénéfice de 2 jours de repos consécutifs dont le dimanche. Tout comme il est inacceptable et contre productif le recours aux emplois précaires qui s’intensifient dans de nombreux organismes.
Cette intervention de la Fédération n’est pas une déclaration de principe mais le résultat de faits constatés dans tous les organismes de CAF.
La Commission Exécutive des Syndicats FO, réunie les 11 et 12 mars 2010, a examiné la situation faite aux personnels de l’institution et plus particulièrement des CAF :
Partout ce sont les mêmes exemples, les mêmes méthodes et les mêmes conséquences
catastrophiques pour les conditions de travail et le service aux allocataires
Partout le manque de moyens
Partout des effectifs insuffisants
Quelle réponse concrète allons nous apporter à nos collègues, aux personnels des CAF après cette Instance Nationale ?
Comme vous le précisez dans votre rapport tout va s’arranger avec le retour des 700 techniciens en formation Vademécaf alors que la plupart participent déjà, dans le cadre de l’alternance à l’effort de production, au détriment dans ce contexte de la qualité de leur formation.
Ce n’est pas sérieux ni acceptable.
Quels moyens supplémentaires vont être donnés pour que le personnel puisse travailler normalement ?
Quelle reconnaissance leur sera apportée après un effort ininterrompu depuis trop longtemps ?
Qu’allons-nous répondre aux personnels ?
D’une Caisse du Sud qui malgré des effectifs supplémentaires constate que du courrier daté de décembre 2009 est en souffrance, malgré des heures supplémentaires effectuées, le stock est important et que rien ne change.
D’une Caisse du Nord dont la Direction entame une procédure de licenciement pour une collègue car celle-ci ne supporte plus le travail à l’accueil et que les gestionnaires craignent une « contagion » !
D’une Caisse qui n’accepte plus les heures supplémentaires obligatoires parce qu’au delà de la fatigue, elles ne résolvent rien et rendent leur condition de vie familiale insupportable.
D’une Caisse du Centre qui constate que le retard cumulé est de 10 jours (moyenne Cnaf) mais que pour beaucoup d’allocataires ce retard est supérieur à un mois et engendre des conditions d’accueil qui deviennent, chaque jour, plus éprouvantes face à l’amertume et au désespoir des allocataires.
D’une Caisse de l’Est qui, bien que l’accueil soit fermé une journée par semaine, ne voit pas la situation s’améliorer et constate que la réduction des effectifs se poursuit par les non remplacements des agents en invalidité.
En Région Parisienne, encore, ou des centres et accueils sont fermés purement et simplement pour des périodes excédents la semaine ce qui a pour résultat de rendre l’activité de l’accueil, à la réouverture, difficile pour les agents qui doivent faire face aux réactions des allocataires.
Que dire aux personnels d’une Caisse, dont les allocataires sont présents de 2 à 3 heures avant l’ouverture et dont la distribution des tickets d’accès est arrêtée à 13 h pour pouvoir terminer la journée quasi normalement ?
Les chiffres sont éloquents, les faits incontournables et dans la conclusion de votre rapport vous répondez « en 2010, cela va s’améliorer ».
Comment croire en cela ?
Prenons un dernier exemple, la CAF 93 :
Le solde à fin mars 2009 était de 20 000 pièces après 2 journées d’heures supplémentaires obligatoires, fin janvier 2010, on constate 260 000 pièces, au 22 mars 2010, 134 000 pièces après 2 journées d’heures supplémentaires obligatoires et des mesures exceptionnelles pendant toute la période de l’année 2009 (rachat RTT, heures supplémentaires volontaires, fermeture totale des accueils extérieurs, fermeture 1 journée sur 4 des principaux sites d’accueils, 100 CDD, 10 contrats de professionnalisation…).
Et nous pourrions poursuivre longtemps cette litanie. Ce sont les 123 CAF qui connaissent des difficultés croissantes, insupportables pour le personnel.
Les CAF sont au bord de l’implosion, le mécontentement s’amplifie tant pour des allocataires que pour les personnels. La froideur des éléments chiffrés peut-elle rendre compte à elle seule des difficultés que supporte le personnel ?
Et tout cela a une seule cause : les restrictions budgétaires.
La Fédération FO fait sienne l’analyse et la position des Administrateurs FO au Conseil d’Administration du 2 février 2010 à la CNAF.
Pour 2010, la situation va empirer. Elle s’aggrave déjà, les chômeurs en fin de droit vont augmenter de façon importante le volume des bénéficiaires des minima sociaux et des allocations.
Les conditions de travail, pour le personnel résultant de cette situation, sont faciles à appréhender : stress, fatigue, découragement. On ne peut se contenter, comme promesse d’amélioration et d’aide, le retour au 1er juillet 2010, des techniciens en formation Vademécaf.
De qui se moque t-on ?
Les gestionnaires, face à l’ampleur de la tâche, sans moyen complémentaire, sans embauche, aggravent la situation en exigeant encore et encore des efforts de productivité supplémentaires qui commencent à générer une véritable souffrance au travail qui se traduit par une augmentation importante des arrêts en maladie.
Cette situation n’est pas acceptable, et pour personne. Pour sortir de l’impasse, le personnel revendique :
L’abandon immédiat des heures supplémentaires obligatoires
L’arrêt des suppressions de postes
La titularisation de tous les CDD
Les embauches nécessaires et suffisantes en CDI pour de futurs techniciens capables d’assurer la mission des CAF
Le remplacement immédiat des départs quel qu’ils soient
La suspension immédiate de la COG
Et comme pour l’ensemble des branches de la Sécurité Sociale une augmentation immédiate et significative de la valeur du point
La CNAF et le Ministère doivent répondre maintenant !
source FECFO